lundi 19 août 2013

La Wicca

Il y a quelques temps de ça je vous avez promis, suite à une critique, de vous développer ce qu'était la Wicca. Voici enfin cet article.

La Wicca, aussi appelée "Ancienne Religion" ou "Religion des sorcières" est un mouvement religieux fondé par Gérald Gardner dans les années 40-60. Si pour certains elle s'apparente à une secte, c'est pour beaucoup une vraie religion et pour quelques uns une simple philosophie de vie.

La Wicca est basée sur la figure principale de la déesse-mère, la mère-nature à l'origine de toutes choses. Une seconde déité, le Dieu-cornu en est le pendant masculin mais semble avoir moindre importance. La Wicca inclue différents éléments de chamanisme, de druidisme et de mythologies diverses. C'est un culte de la Nature qui s’appuie sur les éléments et leur force.

Le Pentagramme (pentacle car dans un cercle) et l'Arbre de vie : deux symboles de la Wicca
Il existe de nombreuses "sous-branches", appelées "traditions", de la Wicca mais il faut également savoir que la Wicca est une religion où chacun est entièrement libre de sa pratique, où rien n'est figé. C'est "l'esprit" dans lequel vous effectuez les rites qui compte, même si le rituel n'est pas celui "prescrit" au départ. Grâce à cette liberté, beaucoup de Wiccan(ne)s pratique leur religion seul(e), sans être réuni en "coven".


La Wicca, ne l'oublions pas, est "la religion des sorcières". Elle est ainsi profondément ésotérique et chaque "apprenti" ou "initié" peu - sans y être obligé - s'adonner à la magie, (blanche la plupart du temps et de manière originelle) : potions, incantations et sorts seront appris ou créés au long de la vie du pratiquant. Ils seront consignés, avec beaucoup d'autres éléments (comme le journal intime, différents outils allant du calendrier lunaire au pouvoir des pierres et aux vertus des plantes) dans un grimoire appelé "Livre des Ombres". Eh oui! Les sœurs Halliwell sont certainement les sorcières Wiccanes les plus célèbres de notre temps!

La triple lune, symbole de la déesse et des âges : la femme jeunes la femme mûre, la femme âgée.

Pour aborder un côté plus historique et pour approfondir, l'article de Wikipédia sur la Wicca est pas mal du tout. Vous croiserez des noms comme Gerald Gardner, Alastair Crowley, Doreen Valiente, Marie des Bois, Scott Cunningham, etc.
Je précise aussi ici que dans la série Wicca tout est cohérent et que l'auteur n'invente rien de farfelu.


Pour ma part ce que j'apprécie dans la Wicca c'est la grande liberté de croyance et de pratique qu'elle permet, dans un respect total du vivant et de notre environnement. Son credo est d'ailleurs : "Fais ce qu'il te plaît tant que cela ne nuit à personne."

samedi 10 août 2013

The City & The City, China Miéville

Un des grands avantages des littératures de l'Imaginaire, c'est que l'imagination n'a pas de limite. Le fantastique peut s'immiscer en bien des lieux et à bien des époques. Même si des genres existent, et si certains lieux sont plus visités que d'autres, tout est possible. Le versatile China Miéville semble se délecter de toutes ces possibilités qui lui sont offertes, et se fait un devoir d'explorer dans chacun de ses romans les lieux les plus originaux, faisant de chaque roman une expérience tout à fait unique, quitte à égarer lecteurs et éditeurs.

The City & the City, donc, ma lecture de la semaine, est à bien des égards un polar.
Son héros est un policier solitaire d'une quarantaine d'années, Tyador Borlu, confonté à un meurte qui semble insoluble, dont il va falloir traquer l'assassin de page en page.
Du polar, donc. Sauf que.
The City & the City, c'est aussi l'incroyable histoire d'une ville double : une ville, qui à une période oubliée, s'est divisée en deux villes séparées partageant le même espace : Besz, pauvre, aux bâtiments délabrés, où Tyador Borlu mène son enquête, et Ul Qoma, en plein boom économique et aux gigantesques tours modernes. Une même rue peut être émaillée de bâtiments des deux villes, parcourue d'habitants des deux nations. Mais, pour préserver l'intégrité nationale des deux territoires, les habitants respectifs doivent faire semblant de s'ignorer et d'ignorer les parties étrangères offertes à leur regard, de "s'éviser", sous peine de de "rupture", sévèrement punie.
Et de ce tour schizophrénique, notre polar devient science-fiction. 
China Miéville nous convie à une enquête sur le fil du rasoir, entre polar et science-fiction, entre réalisme et folie, entre des différences qui n'en sont pas, avec une grande maîtrise technique.
Le résultat est étrange, difficilement qualifiable.
Trop de travail technique pour se couler dans le style du roman policier, en lui adjoignant ces incursions paranoïaques dans l'imaginaire, rendent la narration un peu impersonnelle, et ralentissent l'action. On sent parfois la peine de l'auteur à rendre la singularité de son univers, et qui noie une description efficace d'adjectifs se référant à l'autre ville pour rappeler l'étrangeté du monde de Tyador Borlu. On sent la peine à faire coexister le rythme soutenu d'une enquête policière aux pauses exigées par la description d'un monde aussi étrange qu'Ul Qoma et Besz.
Mais pour autant, l'ovni qu'est le roman, même entaché de ces quelques défauts, reste fascinant par son originalité et l'exigence technique que s'est fixé China Miéville.
Le conte de Besz et d'Ul Qoma a perdu nos amis éditeurs eux aussi : bien que croulant sous les prix (Hugo 2010, Locus 2010, World Fantasy 2010, British Science Fiction 2009...) c'est au Fleuve Noir que le roman a trouvé éditeur, et sur une table envahie de crimes de papiers que je l'ai trouvé.
The City & the City se joue des frontières jusqu'au bout.

The City & the City / China Miéville. Fleuve Noir, 2011, 20 €