lundi 22 juin 2015

L'Etrange Cabaret... des fées désenchantées, Hélène Larbaigt

C'est avec cet ouvrage que je découvre la collection Ourobores des éditions Mnemos. Voilà ce que dit l'éditeur à propos de cette collection de beaux livres :

Ourobores ou ouroboros : «celui qui se dévore la queue».

1. Dessin d'un serpent qui se mord la queue. Il symbolise le cycle éternel de la vie et de la mort, le mouvement perpétuel du recommencement. Il désigne ainsi le cycle infini de la nature. Il peut aussi bien signifier la totalité d'un monde, du cosmos qu'un raisonnement paradoxal et énigmatique, une évolution majeure que l'alliance entre les puissances du ciel et de la terre.

2. Toute œuvre qui a pour vocation la description de lieux imaginaires tels que villes, contrées, mondes ou cosmos au moyen de textes mythologiques, descriptions scientifiques, encyclopédies, témoignages, récits, nouvelles, bestiaires, portraits de personnages, fac-similés, cartes, illustrations ou tous autres documents et représentations appropriées.

in "La Panencyclopédie Borgès" / Internet 2009
 Et de lieu imaginaire, il est bien question ici : l'auteure nous dépeint la vie très étrange de l’Étrange Cabaret, un cabaret itinérant, qui se fond aux paysages dans différentes époques. Habité par des fées, sorcières, fantômes et autres créatures de l'imaginaire, nous suivons les histoires de chacun(e)s, ce qui les a amener au cabaret, ce qui fait qu'ils en sont partis...

L'écriture tout à la fois poétique et burlesque, nous entraîne, comme une valse, à la suite des habitantes aux visages familiers : Circé, Bast(et)... et d'autres, dont les noms nous parviennent de plus lointaine mémoire : Morte Vanité, Baronne Samedi...
Les illustrations sont à l'image de l'écriture, à la fois sensuelle et étrange.
Un beau livre formidable, dans lequel on se plonge avec délice ; un livre -et des histoires - auxquelles on ne s'attend pas. Un vrai renouveau dans le monde du merveilleux!

"Mortels entendez-vous cet écho lointain ?
C'est la maléficiante mélopée d'un mélancolique cabaret…"


L'Etrange cabaret... des fées désenchantées / Hélène Larbaigt, Mnémos- 2014 ; 144p. - 32€ 

mercredi 2 juillet 2014

Maléfique, Robert Stromberg, 2014

Walt Disney. L’homme comme la firme sont souvent critiqués sur de nombreux points, pour bon nombre de raisons, et pas forcément à tort. On ne peut cependant pas nier tout le travail qui a été mené sur les contes du monde entier : de la Belle au bois dormant à Aladdin, du Roi Lion à Mulan, Disney a participé à sa manière à la valorisation de ces histoires. On n’oubliera pas, sans entrer dans les détails, les progrès techniques dont la firme est à l’origine ; mais restons concentrés - pour aujourd’hui - sur les contenus. Alors oui, les contes vu par Disney peuvent être qualifiés de manichéens, critiqués pour la dimension moralisatrice qu’ils ont parfois (cf les contes originaux par Perrault ou Grimm), ou leur côté trop policé. Mais il y a aussi des amoureux de Disney ; dont je suis (même si certains de leurs choix ne me plaisent pas tellement ces dernières années.) Quoiqu’on en dise, Disney nous donne sa version des contes et en cela les œuvres Disney appartiennent au merveilleux. Bref, tout ça pour vous parler de leur dernier film, qui entre de plein pied dans cette catégorie : Maléfique. 
L’histoire donc l’histoire ! C’est celle de la Belle au bois dormant… racontée par la princesse elle-même, Aurore. Mais ici elle n’est pas l’héroïne ; c’est celle que l’on pense être la “méchante fée”, Maléfique, qui est au centre de ce film. On pourrait donc dire que l’histoire explique comment Maléfique est devenue méchante. Deux royaumes voisins, l’un habité par des hommes et gouverné par un roi cupide et dur, l’autre habité par des créatures magiques, dont la jeune fée répondant au nom de Maléfique. Un jour elle se lie avec un jeune humain qui, plus tard, entré au service du roi, va la trahir par ambition : il lui coupe les ailes et gagne en récompense de succéder au roi. Toute la suite de l’histoire est basée sur la haine, la rancœur de Maléfique d’avoir été à ce point trahie par celui qui, pour ses 16 ans, lui avait donné ce qu’elle croyait être un “baiser d’amour sincère”. Elle fera d’Aurore, la fille du roi, l’outil de sa vengeance... mais c’était sans compter ce qui reste de son cœur et Maléfique se met à aimer Aurore “d’un amour sincère”. 
Premier point positif : le conte originel est bien respecté. La seule différence que j’ai trouvé : qu’en est-il de la vieille femme chez qui Aurore se pique le doigt ? C’est plutôt sans importance au final. 
Second point positif : tout s’imbrique à merveille et rend une histoire - un conte - vraiment crédible. 
Troisième point positif : on est heureux que l’héroïne n’ait pas été affublée du visage vert que le personnage a dans le dessin-animé ! 
Quatrième point positif, et pas des moindres : un magnifique rendu visuel. De beaux graphismes, de beaux effets spéciaux et de beaux costumes, de superbes couleurs. Les ailes de la fée ne sont pas diaphanes mais puissantes, en accord avec le reste du personnage, avec cette assurance naturelle qu’elle a dès le départ. De son vol entre les montagnes à son envolée au-delà des nuages, de sa “bonne” magie - marquée par une nuée orangée - à sa “mauvaise” magie - marquée par des fumerolles vertes - en passant par les coiffures, les costumes, tout est visuellement réussi, soulignant les émotions du personnage, mieux encore que le visage de l’actrice. 
Cinquième point positif : le jeu d’Angelina Jolie, justement. Des émotions, juste assez retenues, pile dans l’idée que je me faisais du visage qu’une fée peut avoir pour marquer ses émotions, c’est à dire un visage assez peu expressif au final, tout en retenue.
Sixième point positif : la reprise de la chanson phare par Lana Del Rey... je vous laisse écouter
Dernier point, plutôt neutre : une sorte de “leçon” est bien présente (plusieurs en fait), mais elles sont sous-jacentes et moins marquées qu’une vraie morale : “l’amour sincère” existe, pas forcément où l’on croit ; et : le “mal” a un commencement. 
Je m’explique sur ce dernier point. Le film montre très clairement que si Maléfique “devient” le mal c’est à cause des hommes, de leur cruauté et de leur ambition, pour lesquelles ils trahissent “l’amour véritable”. Pour ma part j’y vois encore un peu plus profondément une morale écologiste (j’adore ça, m’en voulez pas) où la fée (et son royaume) représente la nature, corrompue par les hommes. 
D’accord c’est aller un peu loin. 

Pour finir, je dirais que c’est un “Disney” qui prend un peu le contrepied de ce à quoi la firme nous a habitué (bien qu'il reste un fond de manichéisme, ils peuvent pas s'en empêcher^^). C’est un film tout public, facilement regardable par les enfants, pourtant il me reste une impression de film qui s’adresse à un public plus âgé. “Out” les sentiments acidulés des contes Disney, enfin un conte moderne et en nuances.

mardi 3 juin 2014

Wika tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron, T. Day et O. Ledroit

D’Olivier Ledroit je connaissais L’Univers féerique (deux tomes dans un coffret) avec ses belles fées aux ailes ciselées et aux doux noms (la fée verte Absinthe par exemple.) Je connaissais aussi de vue certaines de ses BD. De Thomas Day, je connaissais surtout le nom, sans en avoir jamais lu.

Dans ce premier tome on retrouve les classiques personnages que sont Titania et Obéron. Elle, mère d’une petite Wika et heureuse au côté du ténébreux Duc Claymore Grimm, lui, jaloux à l’extrême, alliée à une louve, et qui leur mène une guerre sanglante. Le Duc trépasse, Titania également, les ailes arrachées ; mais elle a pu faire mettre sa petite Wika en sécurité, lui faisant arracher les ailes pour qu’elle puisse cacher sa nature de fée. On retrouve alors la fillette, à l’adolescence, dans la cité capitale, Avalon, où elle se lie d’amitié avec un humain jusqu’à ce que sa nature soit découverte. Elle va alors fuir et peut-être tomber de Charybde en Scylla en rencontrant les fées noires.

Avec Wika, on ne peut que plonger, dès les premières pages dans le monde foisonnant des illustrations d’Olivier Ledroit. Chaque recoin de page recèle un trésor, pas un seul “pixel” mort : là un oeil, là une araignée, une plume, une feuille, un tatouage, une fleur… Certains peuvent trouver ça chargé mais en même temps c’est une réelle richesse de l’illustration qui fait de chaque page, de chaque scène un vrai tableau à contempler, à scruter, à étudier…
Quand aux scénarios, il est à tout point parfait pour ceux qui aime le merveilleux, apportant cependant une certaine modernité avec le tatouage de la jeune Wika et un côté résolument Steampunk car Obéron, en tyran exemplaire, est pris d’une sorte de folie technologique qui lui fait anéantir toute magie.

Un premier tome d’une série annoncée en 4 tomes, plutôt courte donc et dont j’attends la suite avec impatience pour découvrir d’autres tableaux chatoyants ou sombres, pleins de sensations et d’autres fées aux ailes incroyables.


Wika tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron / Thomas Day et Olivier Ledroit, Glénat -2014 ; 72p. - 14,95€